18 Octobre 2010

Les satellites au chevet de la forêt amazonienne

Urbanisation, coupe de bois illégale, agriculture intensive… La forêt amazonienne et la biodiversité qu’elle abrite perdent, chaque année, un peu plus de terrain. Depuis une dizaine d’années, les satellites aident à suivre l’évolution de cette déforestation.

De la cartographie des forêts…

« La forêt amazonienne est emblématique d’un point du vue du climat et de la biodiversité », introduit Aurélie Sand, responsable du programme Recherche spatiale et Développement au CNES. Mais suivre son évolution n’est pas une mince affaire car elle s’étend sur près de 600 000 km2.

C’est avec la Guyane, recouverte à 95 % par la forêt amazonienne, que les satellites s’imposent.

« En 2006, dans le cadre protocole de Kyoto, la France a déclaré la superficie de ses forêts en omettant la forêt guyanaise, raconte Aurélie Sand. Comme les méthodes utilisées en métropole ne pouvaient pas être directement transposées à la forêt tropicale, la France a décidé d’utiliser des images satellites pour réaliser cette cartographie. Une méthodologie spécifique a été développée et les résultats validés au niveau international. »

Dans cette région tropicale et humide, les satellites optiques sont pourtant confrontés à une difficulté majeure : la présence régulière de nuages.

L’astuce pour contourner le problème ? Une station de réception (SEAS) implantée en Guyane, capable d’acquérir des images à chaque passage de satellites et de compléter rapidement ce puzzle végétal.

« Convaincue par la méthode, l’Agence Française de Développement a annoncé, lors du sommet de Copenhague, que la France allait fournir des images satellites pour suivre les forêts du bassin du Congo jusqu’en 2015 » souligne Aurélie Sand. Et une nouvelle station de réception devrait voir le jour au Gabon en 2012.

… au diagnostic de sa dégradation

Et si les images satellites sont au départ utilisées pour établir la superficie des forêts, elles servent désormais à diagnostiquer son état de santé.

Au Brésil, par exemple, la forêt et la biodiversité qu’elle abrite sont détruites au profit des cultures de soja ou de biocarburants.

Mais pas toujours facile de déceler ces cultures depuis l’espace.

« Lorsqu’on suspecte quelque chose, on fait appel à des satellites de bonne résolution, comme Spot par exemple, explique Aurélie Sand. Mais certains déforestent de façon à ce que cela ne se voit pas trop : ils laissent quelques grands arbres et font des cultures en dessous… »

 

Réussir à établir l’état de dégradation réel de la forêt, à partir des données satellites, est actuellement l’un des grands enjeux de la recherche. Certaines équipes tentent également de définir la quantité de biodiversité pour chaque type de parcelles observées.

« Les satellites d’observation de la Terre tels que Landsat, Envisat, CBers ou Spot ont démontré leurs capacités pour le suivi des forêts, et de plus en plus de projets voient le jour » conclut Aurélie Sand.

 

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