3 Juillet 2006

Venus Express, la Renaissance de l’exploration planétaire européenne

Lancée en novembre 2005, la sonde spatiale Venus Express étudie l’étoile du berger depuis avril 2006. Equipée d’une batterie d’instruments scientifiques dont les principaux ont bénéficié d’un support du CNES, elle révèle aujourd’hui un portrait de Vénus étonnamment complexe. Elles ont à peu près la même masse, une taille équivalente, et elles tournent autour du Soleil sur des orbites relativement proches.
12 décembre 2007
Pourtant, alors que sur Terre l’eau abonde, Vénus est un enfer où règne en surface la température du plomb fondu. Comment expliquer une telle divergence de destins ? C’est justement un des objectifs de la mission Venus Express.

Vive l’oxygène libre

Pour comprendre l’histoire vénusienne, les scientifiques qui ont conçu les instruments de Venus Express ont pris le pari de s’intéresser essentiellement à l’atmosphère de la planète. Les gaz qui la composent sont en effet autant de marqueurs de l’histoire tourmentée qui a été la sienne. Ainsi Virtis, un spectro-imageur dont le canal à haute résolution a été réalisé par l’Observatoire de Paris, a pu mesurer les émissions de l'oxygène dans la très haute atmosphère, du côté de Vénus plongé dans la nuit.
Or cet oxygène ne peut trouver son origine que de l’autre côté de Vénus, en plein Soleil, là où les rayons ultraviolets de notre étoile cassent le dioxyde de carbone (CO²), le principal constituant de l’atmosphère vénusienne, libérant du même coup l’oxygène. « Le fait de trouver de l’oxygène du côté nocturne nous a beaucoup appris sur la circulation atmosphérique dans la très haute atmosphère de Vénus » se réjouit Pierre Drossart, co-responsable scientifique de Virtis.

Une atmosphère à air comprimé

Cette circulation atmosphérique de haute altitude est également responsable d’un autre phénomène tout à fait paradoxal dont l’instrument SPICAV s’est avéré être un témoin privilégié : du côté nuit de Vénus, où l’on s’attendrait intuitivement à ce que la température soit la plus froide, SPICAV a observé une couche d’atmosphère comprise entre 90 et 110 km où par endroits la température est plus élevée de 70°C qu’attendu.
La raison en est assez simple puisque toute personne qui a gonflé un vélo une fois dans sa vie en a déjà fait l’expérience : les gaz comprimés s’échauffent, et ceux qui sont transportés dans l’atmosphère de Vénus ne font pas exception à la règle.

« Nous avons calculé que pour parvenir à un tel réchauffement, il fallait que toute l’atmosphère transportée du jour à la nuit redescende à une vitesse de 50 cm par seconde, ce qui est étonnamment rapide » s’enthousiasme Jean-Loup Bertaux, responsable scientifique de SPICAV.

L’eau sortant de Vénus

Pour sa part, l’instrument ASPERA a confirmé qu’une partie de l’atmosphère de Vénus s’échappait bel et bien dans l’espace sous l’effet du vent solaire. Surtout, il a confirmé que ces pertes étaient essentiellement constituées d’oxygène et d’hydrogène, dans un rapport de 1 à 2.


Interaction entre Vénus et le vent solaire. Crédits : ESA

« Ce rapport est exactement celui que l’on retrouve dans la molécule d’eau, H2O » souligne Jean-André Sauvaud, co-responsable scientifique d’Aspera.
Il s’agit donc d’un indice venant renforcer l’hypothèse selon laquelle une bonne partie de l’eau dont disposait Vénus à sa naissance se serait ainsi volatilisée dans l’espace, le peu qui en reste sous forme de vapeur d’eau suivant aujourd’hui encore le même chemin.
Au 15e siècle, Boticelli avait représenté dans un des tableaux les plus célèbres de la Renaissance la déesse Vénus sortant des eaux. Grâce à Venus Express, nous avons aujourd’hui la confirmation que dans le monde physique, c’est exactement l’inverse qui arriva...

Voir aussi

Pour en savoir plus

Venus Express - Site de l'ESA