8 Septembre 2014

Le Very Large Telescope européen observe 67P/Churyumov-Gerasimenko

La sonde Rosetta n’est pas la seule à observer la comète 67P. Depuis le sommet de la cordillère des Andes où il est installé, le VLT scrute aussi régulièrement ce lointain objet céleste pour suivre l’évolution de son activité.
8 septembre 2014

Installée depuis le 6 août dernier à moins d’une centaine de km du noyau de la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko, la sonde Rosetta navigue en fait à l’intérieur de la chevelure de gaz et de poussière qui commence à envelopper ce petit corps. Il est donc extrêmement intéressant de suivre l’évolution de l’activité de cette comète d’un point de vue extérieur alors que les instruments de Rosetta le font depuis sa proximité immédiate.

Le problème est que 67P est très éloignée de la Terre, plus de 432 millions de km le 8 septembre à 0h00 UTC. Son activité n’étant pas encore intense, son éclat reste très faible. D’après le Minor Planet Center de l’Union astronomique internationale, la magnitude de 67P est actuellement de 18,6. Elle est donc quasiment 100 000 fois moins éclatante que les étoiles les moins lumineuses visibles à l’œil nu dans un ciel très noir de haute montagne !

Dans le Sagittaire

Pour surveiller l’activité de la comète 67P depuis la Terre, les astronomes de l’observatoire européen austral de Cerro Paranal (Chili) ont utilisé l’un des 4 télescopes de 8,2 m de diamètre du VLT (Very Large Telescope) pour la photographier le 11 août dernier. Même pour ce géant optique, la prise de vue n’a pas été instantanée puisqu’il a fallu accumuler la lumière de 40 images réalisées avec une pose de 50 sec chacune, soit un total de 2 000 sec de pose (33 min) pour parvenir à mettre en évidence correctement la chevelure et l’amorce de la queue de 67P.

Le noyau se déplaçant dans la constellation du Sagittaire (vue de la Terre), au sein de l’une des régions les plus denses de la Voie lactée, les astronomes ont traité les images pour effacer les étoiles de l’arrière-plan afin de révéler les extensions les moins lumineuses de la chevelure. D’après leurs calculs, celle-ci mesure déjà au moins 19 000 km sur cette image et sa forme asymétrique montre qu’une queue est en train de prendre forme. Bien évidemment, il est impossible de détecter Rosetta sur l’image du VLT ; la sonde est bien trop petite et elle est noyée dans l’éclat de la zone la plus brillante qui entoure le noyau.

Tous les 2 jours au VLT

Nombre de télescopes terrestres observent cette comète pratiquement au jour le jour depuis le mois d’août. C’est une opportunité unique de récolter des informations scientifiques en même temps que les instruments de Rosetta.

Dans le cas du VLT, Rosetta est au programme de l’un des instruments près d'une nuit sur deux actuellement. Toutes les observations sont transmises aux responsables de la mission Rosetta pour leur permettre de suivre l’évolution de l’activité du noyau, ce qui est d’une aide précieuse pour la planification des opérations futures de la sonde.

Rosetta est une mission de l’ESA avec des contributions de ses États membres et de la NASA. Philae, l’atterrisseur de Rosetta, est fourni par un consortium dirigé par le DLR, le MPS, le CNES et l'ASI. Rosetta sera la première mission dans l'histoire à se mettre en orbite autour d’une comète, à l’escorter autour du Soleil, et à déployer un atterrisseur à sa surface.