17 juin 2014
Des sondes et des comètes
A la rencontre de la comète de Halley
Retour dans le passé, à la veille du lancement des sondes Vega et Giotto
En 1986, la comète de Halley passe au voisinage du Soleil. L’occasion est rare (1) et pas moins de 5 sondes s’élancent à sa rencontre : les 2 sondes franco-soviétiques Vega 1 et Vega 2, les 2 japonaises Sakigake et Planet-A, et l’européenne Giotto. La sonde Giotto traversera la queue de la comète de Halley à une distance de 600 km. Et malgré les impacts de particules cométaires, qui la déboussoleront et lui feront perdre momentanément le contact avec la Terre, elle réalisera les toutes 1eres photographies de noyau cométaire. Aujourd’hui, en 2014, la sonde européenne Rosetta s’apprête à relever un nouveau défi : se rapprocher jusqu’à 30 km de la comète Churyumov-Gerasimenko puis faire une escapade à seulement 3 km d’altitude pour y larguer à sa surface le petit atterrisseur Philae. Rosetta accompagnera ensuite la comète durant une année de sa vie, alors que celle-ci se rapprochera du Soleil et deviendra de plus en plus active.
(1) La comète de Halley fait une révolution complète autour du Soleil en 76 ans.
Explications de Philippe Gaudon, chef de projet de la mission Rosetta au CNES
Rosetta l’endurante, Philae l’intrépide
La sonde Rosetta a voyagé pendant 10 ans, consommé 1,6 t de carburant (2) et pris impulsion sur la Terre et sur Mars pour rattraper la comète Churyumov-Gerasimenko. Il faut dire que cette boule de « neige sale » file dans l’espace à une vitesse de 27 km/s (soit 100 000 km/h) ! Mais aujourd’hui, l’heure du rendez-vous est arrivée. En juillet 2014, dès que la comète sera visible, Rosetta mettra en marche ses instruments pour déterminer le site d’atterrissage de Philae. En novembre 2014, le petit atterrisseur - de seulement 100 kg comparé aux 3 t de l’orbiteur - sera largué et devra s’arrimer à la surface glacée du noyau dès qu’il la touchera. |
En attendant Rosetta… |
Une opération de haute voltige supervisée par le centre spatial allemand (DLR) et le CNES. Dès lors, ses 10 instruments viendront compléter les 11 instruments de l'orbiteur, auxquels ont participé 14 laboratoires français soutenus par le CNES, pour percer les mystères de « Chury » (3).
(2) Il devrait rester 150 kg de carburant pour naviguer autour de la comète.
(3) Surnom donné à la comète Churyumov-Gerasimenko.
Enquête sur le passé de « Chury »
Initialement, Rosetta devait aller étudier la petite comète Wirtanen. Mais un report de lancement a obligé les ingénieurs de l’ESA à revoir l’itinéraire et la comète visitée. C’est finalement la comète 67P Churyumov-Gerasimenko ou « Chury » qui sera choisie : une boule de glace et de roche d’environ 4 km de diamètre. Ce corps céleste vient de la ceinture de Kuiper, un réservoir de comètes situées au-delà de Jupiter et restées intactes depuis la formation du système solaire il y a 4,6 milliards d’années (4).
Mais difficile, depuis la Terre, d’en savoir davantage. Grâce à Rosetta et Philae, les chercheurs espèrent donc affiner le scénario de la formation du système solaire mais aussi étudier le rôle qu’ont pu jouer les comètes dans l’ensemencement de la Terre, ces dernières ayant pu apporter sur notre planète des éléments indispensables à la vie comme de l’eau et des molécules carbonées.
(4) La comète de Halley provenait du nuage d’Oort, le second réservoir de comètes qui entoure le système solaire.
Y a-t-il de la vie sur les comètes ?
Réponse avec Michel Viso, spécialiste en exobiologie au CNES
Que sait-on de Churyumov-Gerasimenko ?
Réponse avec Philippe Gaudon, chef de projet de la mission Rosetta au CNES