29 Novembre 2010

48h de travail contre la montre pour redémarrer avec succès deux ordinateurs de l’ATV

Qui avait dit que la phase attachée était tranquille??
Fabrice Nayrac, responsable de l'équipe "sol". Crédits: CNES/S.Girard, 2013

Amarré à l’ISS, l’ATV est la plupart du temps en mode « dormant » sauf pour les opérations comme les boosts ou l’activité de ravitaillement. Mais cela ne signifie pas un long fleuve tranquille à l’ATV-CC. Pour preuve, deux anomalies se sont cumulées la semaine dernière. Mais une solution a été trouvée en moins de deux jours?! « Failure is not an option » a exclamé Fabrice Nayrac, ingénieur sol en console lors du « reset ».

 

Il y en a qui ont craint une annulation des vacances (eh oui, les ingénieurs tournent toute l’année et il y en a qui peuvent partir en été, même pendant les opérations). Mais l’adrénaline a motivé les esprits des ingénieurs.

Didier Collin, directeur de vol. Crédits: CNES/S.Girard, 2013

Après trois ATV, les ingénieurs sont habitués aux grands challenges. C’est même une source de motivation : « C’est ça, les opérations?! », a avoué Didier Collin, directeur de vol.
 
Mardi dernier, un des trois ordinateurs de l’ATV (DPU pour Data Processing Unit) s’était éteint. Samedi, c’était un deuxième qui s’est désactivé. L’ATV fonctionnait donc avec un seul ordinateur. Aucun risque n’a été généré par cette configuration contrôlée et il n’y avait pas d’impact sur l’ISS ou sur la sécurité de l’équipage. Néanmoins, ce second échec remettait en question les activités du mode « actif » comme le ravitaillement en carburant de la station. De plus, il n'existait plus aucune redondance disponible.
 
Toutes les équipes de l’ATV-CC ont travaillé de manière intensive tout au long des journées de dimanche et lundi pour préparer les opérations de récupération nécessaires, en collaboration avec les experts du FS. Le stress était palpable lors de conception de la stratégie. Pour procéder en toute sécurité, la séquence a été jouée sur simulateur 2 heures avant d’être appliquée au véhicule.

Pierr-Olivier Coussy, ingénieur-planifications. Crédits: CNES/S.Girard, 2013

Les planificateurs ont dû préparer la toute nouvelle séquence pour qu'elle soit visible de tous sur le mur d’images du centre de contrôle (le Flight Opération Procédure) : « Nous sommes habitués à des changements de dernière minute », reconnait Pierre Olivier Coussy ingénieur-planifications.

De leur côté, les experts ou « Engineering Support Team » d’Astrium étaient confiants et très attentifs à la séquence.

 


 
L’équipe véhicule était particulièrement mobilisée, car ses opérateurs en console étaient les responsables de la séquence en collaboration étroite avec les directeurs de vol et le Mission Director.

L'équipe véhicule en action. Crédits: CNES/S.Girard, 2013
Sébastien Guilleminault, ingénieur qualité. Crédits: CNES/S.Girard, 2013

 

 

La séquence de réintégration des processeurs contenait 2 étapes : tout d’abord une réinitialisation des ordinateurs (FTC RESET) afin de réintégrer les 2 DPU écartés de la configuration. Puis, une nouvelle réinitialisation (FTC RESET) permettant de réinitialiser le DPU qui était resté actif. Pour compliquer la donne, un transfert d’eau vers l’ISS a dû être fait en parallèle. Mais les opérateurs toulousains s’en sont sorti?! L’ATV est de nouveau en mode triplex et de retour en mode dormant.
 
Sébastien Guilleminault, ingénieur qualité chargé de vérifier que tout se déroulait correctement résume l’ambiance en salle de contrôle : « les opérations ont été exécutées en toute sérénité, dans l’ordre et sans prendre aucun risque. J’ai été émerveillé. Bravo pour nos collègues ».
 

L'ATV-CC au Centre Spatial de Toulouse. Crédits: CNES/S.Girard, 2013
31 juillet 2013