20 Janvier 2015

Centrafrique : un camp de réfugiés au milieu de l'aéroport de Bangui

Il y a un an, les satellites Pléiades prenaient cette image de l'aéroport de Bangui envahi par un immense camp de 100 000 réfugiés. 3 questions à Samuel Hanryon, porte-parole de Médecins sans frontière, qui était sur place en décembre dernier.
Crédits : CNES 2013, Distribution Airbus DS / Spot Image.

Ce camp existe-t-il toujours ?

Oui, environ 20 000 personnes vivent encore au camp Mpoko, le plus grand de Bangui. Dès le début des exactions, en décembre 2013, des dizaines de milliers de banguissois se sont installés dans l'enceinte même de l'aéroport. Ils recherchaient la protection des troupes françaises de l'opération Sangaris qui y étaient basées. Lorsque cette image satellite a été prise, le camp accueillait près 100 000 personnes. Au début, les conditions sanitaires étaient catastrophiques : pas de latrines, pas d'eau potable, pas d'abri exceptés quelques bâches de fortune. Aujourd'hui, ces conditions se sont améliorées mais elles restent très basiques. Depuis février dernier, les Nations-Unies et le gouvernement centrafricain, par peur que ces déplacés se fixent dans le camp, a interdit la distribution de nourriture et de matériel.

L'aéroport est-il en activité ?

L'aéroport n'a pratiquement jamais cessé de fonctionner. C'est le seul aéroport international fonctionnel de Centrafrique. Au départ, la présence du camp a posé quelques problèmes liés aux mouvements des réfugiés et des avions. On distingue bien sur votre image les pistes en terre utilisées par les déplacés pour rejoindre les quartiers alentours : elles croisent la seule piste de l'aéroport. A chaque décollage et atterrissage, les soldats des Nations Unies doivent sécuriser la piste.

Quelles sont les activités de MSF au camp Mpoko ?

Nous avons installé une clinique pour des soins ambulatoires dans les anciens locaux de la sûreté aéroportuaire et créé un hôpital sous des tentes pour des soins secondaires. Depuis le début de nos activités, nous avons donné plus de 200 000 consultations ambulatoires, hospitalisé plus de 3 300 patients et réalisé plus de 3 000 accouchements. 200 employés locaux de MSF et 4 employés expatriés travaillent aujourd'hui dans le camp. Nous sommes le seul acteur médical. Or la population est très vulnérable et la situation très instable. Des pics de violence peuvent se passer à tout moment.

 

Focus : Le système Pléiades est basé sur 2 satellites jumeaux lancés en 2011 et 2012. Il permet de fournir des images d'une résolution de 70 cm pouvant être ré-échantillonnées à 50 cm avec une revisite quotidienne de tout point du globe. Développé sous la responsabilité du CNES, il a été conçu pour un usage dual : au profit de la Défense – dont les demandes sont prioritaires – et des utilisateurs civils.

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