April 18, 2013

Un dégazage visible de l'espace sur 315 km

Les satellites aident à traquer les pollutions en mer. Sur cette image radar, la ligne noire, brisée et discontinue a été reliée au dégazage d’un seul navire contournant la Grande Bretagne pour rentrer en Manche, sur une distance de 315 km.
Credits: ESA

Naufrage de pétroliers, explosion de plateformes pétrolières... Les marées noires qu'elles provoquent sont souvent spectaculaires, mais elles ne représentent que la partie émergée de l'iceberg. En vidant illégalement en mer leurs cuves de résidus d'hydrocarbures et d'huiles usagées, les bateaux marchands, de pêche ou de guerre, génèrent une pollution par des hydrocarbures bien plus importante, constante et insidieuse. Pour détecter ces ''déballastages'' –appelés à tort ''dégazages'' –, les douanes françaises utilisent des avions, dit Polmar, équipés de radars et scanners infra-rouges. Mais dans cette traque, les satellites imageurs radar s'imposent de plus en plus comme un moyen incontournable de surveillance amont grâce à leur grande capacité de couverture.

Depuis 2007, l'Agence de sécurité maritime européenne (EMSA) a mis en place un service en temps quasi-réel pour surveiller et détecter ces pollutions, CleanSeaNet. Ce service a pour objectif de prévenir les états membres dans les 30 min après l'acquisition des images satellites pour une éventuelle vérification et intervention sur zone, afin de prendre le navire en flagrant délit.

Chaque année, plus de 2000 images couvrant les eaux européennes sont ainsi analysées. La société CLS, filiale du Cnes, est un acteur clé de ce service. Sa station brestoise, VIGISAT, traite et analyse les images satellite radars haute résolution grâce à son centre opérationnel 24h/24 et 7j/7 pour répondre aux missions de surveillance maritime nationaux et européens.

Mais le rôle de CLS ne se limite pas à la détection des pollutions, il est aussi de remonter jusqu'au navire fautif, par une méthode dite de "back-tracking". Pour cela, les analystes de CLS utilisent les données de localisation des navires (système côtier AIS) mais aussi des données et modèles météorologiques et océanographiques : vents et courants font en effet dériver les nappes d'hydrocarbures.

"Sur l'image présentée, les parties de pollution les plus anciennes au Nord ont eu le temps de dériver pendant 12h vers l'Est par rapport à la trajectoire AIS du navire suspect. Pour ''retrouver'' les courants et replacer la pollution à sa position initiale, nous avons utilisé d’autres données spatiales, en particulier celles du radar altimètre du satellite Jason" explique Jean-Yves Le Bras, à la Direction des applications radar de CLS.

Dans la traque des navires contrevenants, il est utile ''d'avoir plusieurs satellites à son arc''. Surtout que CLS a sous sa surveillance le premier couloir de circulation de la mer : La Manche, où rentrent et sortent près de 500 navires chaque jour. Une véritable autoroute de la mer.

Dans le programme Jason, le CNES fournit la plateforme satellite Proteus, l’altimètre Poseidon et le récepteur Doris. Il est aussi chargé du programme d'accompagnement scientifique de la mission.

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